Alors que la CNIL a publié une mise en demeure un gestionnaire de site web pour son utilisation de Google Analytics en février dernier, le web français ne semble pas avoir changé ses habitudes. Pratiquement l’intégralité des médias français utilisent toujours ce service.

Quoi de plus précieux que la liberté d’informer ? La réponse est peut-être la liberté de ne pas informer Google des articles qu’on consulte. En utilisant Google Analytics, les médias fournissent à Google l’historique complet de nos lectures. Ces données valent de l’or pour les entreprises du numérique qui pratiquent le ciblage publicitaire à grande échelle. Elles peuvent révéler nos goûts, nos habitus et même nos opinions politiques. Si je lis des articles sur l’immigration ou bien sur l’agriculture bio, Google peut aisément nous profiler.
L’outil Google Analytics a été jugé comme illégal par la CNIL. Dans sa mise en demeure du 10 février 2022 suite à l’action de l’association NOYB, le CNIL indique que les données des français sont transférées aux Etat-Unis « en violation des articles 44 et suivants du RGPD ». Dans une foire aux questions, la CNIL répond point par point aux différentes interrogations qui peuvent survenir. On apprend par exemple qu’il n’est bien pas possible de paramétrer Google Analytics pour se conformer au RGPD.
Recherche désespérément média respectant la vie privée
S’il y a bien un type de sites web qui sont très consultés, ce sont les sites d’actualité. Dans les divers classements qu’on peut retrouver ici ou là, ils sont très souvent dans les premières positions. Pour autant, ce ne sont pas les premiers à se conformer au RGPD. D’après une analyse d’une cinquantaine de sites de médias français, presque l’intégralité d’entre eux embarquent toujours Google Analytics. Le résultat est désastreux.
Les mauvais élèves sont partout : dans les médias dit progressistes comme dans les conservateurs, dans les médias locaux comme nationaux. Je n’ai réussi qu’a trouver un seul média qui n’exfiltre pas de données personnelles avec un outil comme Google Analytics ou similaire : le site d’information Next INpact.
J’ai informé la CNIL de ces utilisations de Google Analytics en déposent 42 plaintes ce jour. Cette enquête n’est pas exhaustive mais j’ai tout de même tenté d’auditer tous les médias français les plus connus. Il ne reste plus qu’a attendre une réponse de la CNIL et de scruter les sites des médias français pour voir si ceux-ci enlèvent Google Analytics et les autres systèmes de pistage qu’ils ont mis en place.
8 réponses à “Les médias français utilisent toujours massivement Google Analytics”
Bonjour,
Merci pour l’analyse, et l’action « coup de poing » !
Est-ce qu’un site comme reflets.info qui a sa propre instance de Matomo compte parmi les médias qui exfiltre ? Personnellement, je dirai que non, mais… je demande. Peut-être que Reflets n’a pas fait partie des sites testés non plus.
Bonjour, j’ai décider de rester assez vague sur les mauvais élèves et de ne pas publier de listes de médias. En effet, Reflets.info utilise Matomo et non Google Analytics donc il n’y a pas recentralisation des données.
[…] Les médias français utilisent toujours massivement Google Analytics (blog.davidlibeau.fr) […]
Bonjour,
je trouve un peu abusé d’attaquer les sites en question. Les outils de statistiques sont indispensables, et les solutions alternatives pas forcément faciles pour tout le monde à mettre en place.
Le droit français devient de plus en plus contraignant et ne fait que nous mettre des bâtons dans les roues. Toute cette technocratie devient épuisante, on passe plus de temps à lire des textes de lois vaseux et à tenter de les interpréter, plutôt qu’à développer.
Et quand on pose des questions aux organismes concernés, c’est toujours le flou artistique.
Pour ma part, Matomo fait le taf. Mais en se plaçant du côté des 42 éditeurs, il peut y avoir un manque d’informations claires, ça peut être également un problème de coût.
Pour Matomo, c’est soi l’hébergement cloud sur leur propres serveurs qui coûte une blinde, soit une installation de base de donnée en local (extrêmement simple, mais qui doit probablement être surfacturé par des « professionnels »).
Bref tout n’est pas tout blanc ni tout noir.
Bonne continuation David !
[Référence au nazisme censurée] Attaquez vous plutôt au Gaffa non ? Ne menacent ils pas 1000 fois plus la vie privée des internautes ?
Ah oui .. c est plus compliqué.. dur.
Sinon, un conseil : plutôt que de passer votre temps à scruter et dénoncer les seules sources d’informations fiables en France, vous feriez mieux de consulter les sites permettant d’améliorer l’orthographe.
Donc selon vous, en dénonçant l’utilisation de Google Analytics je rends service à Google ? Les médias qui utilisent GA ne sont qu’un prétexte, hein. Il ne faut pas se braquer comme ça.
Aucune référence au nazisme, mais simplement à cette habitude bien française qui consiste à dénoncer les plus faibles.
Croyez vous vraiment que Google, facebook ou Apple aient besoin d’un site d’actualités, locales par exemple, pour connaître le profil des ses utilisateurs ??
Quelle blague !!
Comme je ne doute pas un instant que vous ne connaissiez le web, j’en conclus qu’il s’agit là que d une opération d auto promo peu glorieuse, a bon compte.
J ai plus de respect pour les reporters qui risquent leur vie en Ukraine pour nous informer.
Donc vous savez quelles entreprises de presse j’ai visé par mes plaintes ? On parle d’entreprise parfois valorisé à plusieurs millions d’euro, mais oui restez dans vos comparaisons abjectes. Vous semblez confondre journalisme et entreprise de presse gérée par des milliardaires. Mes actions visent à faire respecter les droits des individus, ici les lecteurs et également les journalistes qui subissent quotidiennement ce pistage.