Vos plaintes à la CNIL mettent des mois voir des années à être traitées ? J’ai peut-être une solution grâce à un décret méconnu. Vous pourriez facilement attaquer la CNIL devant le Conseil d’État pour inaction.

Peu de monde le sait mais l’article 10 du Décret n° 2019-536 du 29 mai 2019 indique que « Le silence gardé pendant trois mois par la commission sur une réclamation vaut décision de rejet. » Cela veut dire que si vous avez fait une plainte auprès de la CNIL et que celle-ci, à n’importe quel moment de la procédure, ne vous informe pas des suites données votre réclamation, alors cela signifierait que légalement votre plainte est rejetée. Et vous pourriez donc sans attendre attaquer la CNIL à ce titre.

J’ai publié un tuto vidéo pour montrer comment déposer une plainte auprès de la CNIL. Cependant, un des défauts des plaintes à la CNIL est le délai parfois très long de traitement. Certaines personnes peuvent attendre des mois voir des années. C’est ce qui m’était arrivé pour une plainte contre Google Captcha et l’IGPN. Après pratiquement deux ans d’attente j’avais reçu une lettre papier à mon domicile m’informant que ma plainte avait été résolue. Entre temps, j’avais même oublié l’existence de cette plainte !

Récemment, j’ai tenté d’attaquer la CNIL en justice au titre de l’alinéa 2 de l’article 78 du RGPD qui indique qu’on a le Droit à un recours juridictionnel effectif contre une autorité de contrôle. L’idée ici étant de voir comment le Conseil d’État se débrouille avec cette disposition européenne. Mais au niveau français on pourrait également faire une recours avec l’article 10 du Décret n° 2019-536 du 29 mai 2019. Cela pourrait permettre de forcer la CNIL à traiter une plainte plus vite en demandant au Conseil d’État d’annuler la décision implicite de rejet de la CNIL (car sans courrier de la CNIL, la décision est implicite).

Chose étonnante, la CNIL indique une durée indicative de traitement de 6 mois à 3 ans qui serait donc contraire à ce décret sauf si la CNIL envoie des emails d’information tous les 3 mois. Bien évidement, on attend surtout plus de moyens et d’action de répression de la CNIL et non des courriels tous les 3 mois. Reste à tester cette disposition auprès du juge, qui pour l’heure ne semble avoir jamais été actionnée, pour voir ce que l’on peut en faire.