L’inspection générale des services de la ville de Lyon a publié le 30 mars dernier un audit sur le système de vidéoprotection de la ville. 20 ans après sa mise en service, cette cinquantaine de pages tente par tous les moyens d’évaluer l’efficacité du dispositif, sans jamais vraiment y arriver.
Avec 571 caméras, la ville de Lyon se place deuxième en France après la ville de Nice dans le classement des villes les plus surveillées. Rapporté au nombre d’habitants, elle est quatrième avec 1,08 caméras pour 1000 habitants, derrière Montpellier (1,12), Marseille (1,78) et Nice (10,19). En terme de densité, elle reprend la deuxième place avec 11,92 caméras par km². Son budget annuel est de 2 millions d’euro.
On notera que la ville de Lyon possède son propre réseau de fibre optique qui lui permet d’opérer ses caméras en circuit fermé. En plus des impératifs de sécurité, avoir son propre réseau permet des économies sur le long terme d’après le rapport.
Une évaluation impossible
La presse semble dithyrambique : Lyon dispose « d’un des meilleurs systèmes de vidéosurveillance de France », selon un audit ou encore « Mature » et « bien dimensionné », les conclusions de l’audit sur la vidéosurveillance à Lyon est-il titré. Pourtant, en lisant le rapport on ne retrouve pas ces conclusions.
En réalité, l’évaluation s’est avérée compliquée car « à aucun moment [la vidéoprotection de la ville de Lyon] ne s’est vu assigné d’objectif précis permettant d’évaluer son efficacité et son efficience » révèle le rapport. En plus de cela, l’inspection manque cruellement de données. Plus aucun bilan annuel n’est produit depuis 2016. L’audit qualifie cette absence de données de « préjudiciable » : « un bilan annuel permettrait de redonner de la visibilité sur l’activité du CSU » (Centre de Supervision Urbain).
Il existe tout de même des objectifs généraux dans la charte éthique. Malheureusement, il ne sont pas connus des agents. Un d’eux interrogé par l’inspection indique n’avoir « Pas de connaissance de la charte d’éthique. En 20 ans j’ai suivi ma première formation de 2 jours sur la protection des données personnelles et des images il y a quelques semaines. »
Un droit d’accès aux images « inopérant »
L’audit pointe des difficultés concernant le droit d’accès : une procédure « inopérante et surtout mal sécurisée ». Malgré une communication sur les panneaux d’information de la ville, il n’y a que très peu de demandes. Un problème malheureusement présent au niveau national (lire Tout comprendre sur le droit d’accès aux vidéos de caméras de surveillance).
La nouvelle rédaction de la charte éthique est tout simplement illégale selon l’inspection générale des services. En effet, il y est écrit que « La demande doit être formée par écrit recommandé dans les huit jours de la date de prise de vue auprès du responsable du centre de supervision urbain, lequel en informe sans délai le Président délégué du Collège d’éthique. » Or, cette rédaction contrevient à l’article L112-1 du code des relations entre le public et l’administration.
➡️ Consulter le rapport complet
La ville de Lyon a tenté une opération transparence bienvenue puisqu’en France il n’existe quasiment pas d’évaluation de la vidéoprotection. L’audit de Lyon est honnête, il pointe des lacunes et tente d’apporter des pistes d’amélioration, mais celui-ci a été déformé par la presse qui a repris les éléments de langages des politiques probablement sans vraiment le lire.